En Pologne, le risque d’un enlisement dans l’autoritarisme

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Le résultat des élections européennes et le score décevant des démocrates sonnent comme un avertissement pour les défenseurs de l’Etat de droit, estime Jakub Iwaniuk, correspondant du « Monde » à Varsovie.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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Analyse. L’imposante victoire aux élections européennes du parti ultraconservateur au pouvoir en Pologne a été une surprise aussi bien pour l’opposition que pour la majorité. Avec près de 7 points d’avance sur la Coalition européenne (45,38 % contre 38,47 %), Droit et justice (PiS), de Jaroslaw Kaczynski, s’est installé dans le rôle d’archifavori en vue des élections législatives d’octobre. Les démocrates polonais ont d’autant plus de raisons d’être inquiets qu’un maintien du PiS au pouvoir aurait pour conséquence un approfondissement des mesures autoritaires mises en œuvre depuis quatre ans, leur donnant un caractère potentiellement irréversible.

Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et justice (PiS), annonce les résultats des élections européennes, et le bon score de sa formation, à Varsovie, le 26 mai.
Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et justice (PiS), annonce les résultats des élections européennes, et le bon score de sa formation, à Varsovie, le 26 mai. Czarek Sokolowski / AP

La nette victoire du PiS est d’autant plus inattendue que les élections européennes, plus promptes à mobiliser l’électorat urbain et éduqué, sont historiquement défavorables au parti ultraconservateur. Le taux de participation exceptionnel (45,68 %, contre 23,83 % en 2014) a joué en faveur de la majorité, qui a su mobiliser massivement les campagnes et les villes de taille moyenne. A contrario, la Coalition européenne, vaste alliance « arc-en-ciel » allant du parti Vert aux conservateurs du Parti paysan polonais (PSL), a présenté une campagne fade, suscitant un entrain mitigé, même dans le camp des défenseurs de l’Etat de droit.

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Propagande agressive

Les démocrates n’ont pas eu la tâche facile, car le PiS a amplement usé des puissants outils à sa disposition : de très coûteux transferts sociaux, pensés pour augmenter le pouvoir d’achat juste avant les élections, ainsi qu’une propagande agressive venue d’une myriade de médias privés dociles et des médias publics, qui ne respectent plus depuis longtemps les plus élémentaires notions de déontologie. Depuis son arrivée au pouvoir, le PiS aura distribué près de 80 milliards de zlotys annuels (18,7 milliards d’euros) de pouvoir d’achat et d’avantages sociaux, contre toute rationalité dans la gestion des finances publiques.

Jaroslaw Kaczynski, très actif durant la campagne, a imposé des thèmes jouant sur les peurs et désignant de nouveaux boucs émissaires : la communauté homosexuelle, accusée de vouloir « sexualiser les enfants » en luttant pour ses droits, l’euro et le risque d’une « inflation massive ». Même la très épineuse question de la restitution des biens juifs volés après la seconde guerre mondiale a été jetée dans le débat public, coupant l’herbe sous le pied de l’extrême droite. Le slogan de campagne du PiS – « La Pologne, cœur de l’Europe » – reflétait bien la volonté de Jaroslaw Kaczynski d’exporter sa « révolution conservatrice » à l’échelle du continent.

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