Pension à Rs 9 000: «Labous dou» v/s économie amère

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Nos aînés auront l’oreille collée au transistor lors de la retransmission du Budget, demain après-midi.

Nos aînés auront l’oreille collée au transistor lors de la retransmission du Budget, demain après-midi.

«C’est vraiment dur. La pension ne suffit pas. J’ai trois enfants dont une fille handicapée. Juste son école coûte Rs 3 000 mensuellement sans compter son transport qui est de Rs 1 500. Elle ne peut prendre le bus. En plus, la vie elle-même est chère», soutient Preetee, 64 ans. Sans le soutien de ses proches, la sexagénaire n’arriverait pas à joindre les deux bouts. «J’essaie de faire des économies sur les factures d’eau, d’électricité et de téléphone. Mais c’est difficile d’appliquer cela à la nourriture. Déjà qu’on se prive de tout. En supermarché, je ne peux prendre que ce qui est en promotion», indique-t-elle.

Cette situation, Khairoon, 60 ans, veuve, la vit au quotidien. «J’ai perdu mon mari depuis 19 ans. Subsister juste avec la pension de Rs 6 210, c’est vivre dans la misère totale. Je ne peux pas travailler et j’évite tout aliment trop coûteux. Je n’ai pas le choix.»

Pour Marilyne, 56 ans, dont Elodie, sa fille de 26 ans, touche une pension d’invalidité, les temps sont durs. «Il me faut trouver les fonds pour pouvoir acheter ses médicaments, les vêtements et payer le transport. Je dois la laisser chez ma soeur pour pouvoir aller travailler et payer pour nos nombreuses dépenses.»

Vivre avec la pension de vieillesse est un combat permanent, estime Prem Seebaruth, 75 ans, président du Senior Citizens Council. «Beaucoup de pensionnés ont du mal. Certains louent des maisons, ce qui absorbe déjà plus de la moitié, voire plus, de leur petite allocation. Dans d’autres cas, ils ne peuvent même pas aller à la boutique ou nettoyer mais trouver quelqu’un pour le faire. Et il faut le payer. Quant à la nourriture, on cumule les sacrifices. On ne peut même pas se permettre des aliments de base.» À ce titre, il cite le chouchou, longtemps vendu à Rs 5 mais qui plafonne aujourd’hui à Rs 20 la livre. Tout comme le poulet qui laisse un goût amer aux retraités avec un tarif de Rs 100 pour les 500g. Une chair trop chère pour les aïeux.

D’où le fait que les bénéficiaires lorgnent une augmentation. Depuis plusieurs semaines déjà, un alignement de la pension de Rs 6 210 sur le salaire minimum est mentionné comme une future mesure budgétaire. D’ailleurs, lors des consultations pré-budgétaires, plusieurs syndicalistes se sont largement portés en faveur d’une telle révision.

Pour Jane Ragoo, syndicaliste de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, il n’est pas normal que nos aînés perçoivent une pension dérisoire. «Le salaire minimum qui est de Rs 8 500, bénéficie d’un top up, pour atteindre Rs 9 400, permet au travailleur d’accéder à une sécurité alimentaire. Il en va de même pour nos aïeux qui ont contribué au développement du pays. On leur doit bien ça.»

Pour Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association (GSEA) et de la State Employees Federation, les retraités encourent bien des dépenses. «Par exemple, même si la santé est gratuite, il existe plusieurs médicaments qu’elles doivent acheter au privé. D’autant que beaucoup d’entre elles sont seules et doivent se démener pour vivre.»

Alors viendra, viendra pas, cette augmentation ? Au gouvernement, les langues se délient difficilement. Pour le député Zouberr Joomaye, il faut attendre la présentation du Budget. Néanmoins, il affirme que le Premier ministre est pleinement «conscient des besoins des personnes âgées. Cette allocation a été révisée pour atteindre la somme actuelle de Rs 6 210. Le gouvernement va continuer à oeuvrer en ce sens.» Un autre membre de la majorité acquiesce. «Le passage de Rs 3 000 pour Rs 5 000 était une mesure de base du manifeste électoral. Nos aînés nous tiennent à coeur.»

Oui mais voilà. Ce qui sera un «soulagement» pour les pensionnés sera un véritable fardeau pour l’économie, affirment les experts. Pour l’économiste Pierre Dinan, un alignement de la pension sur le salaire minimal peut se faire si le gouvernement est disposé à augmenter le déficit budgétaire d’année en année. Et ceci de manière exponentielle, vu que le nombre de seniors qui ne cessera d’augmenter à l’avenir. Il évoque d’autres scénarii possibles, dont l’augmentation des impôts, de la taxe à valeur ajoutée ou encore celle sur les cigarettes, le jeu et l’alcool.

Il évoque deux autres cas de figure, soit un alourdissement de la dette publique, qui «augmentera la pression sur la population active du pays, sur laquelle Maurice doit compter pour poursuivre un développement équilibré». Selon Pierre Dinan, le risque d’un conflit des générations n’est pas à écarter. Enfin, il estime qu’avec une telle mesure, l’État pourrait envisager de recourir à une dépréciation de la roupie afin de faciliter les exportations pour maintenir un niveau acceptable de croissance sans tenir en ligne de compte les effets de hausse du coût de la vie. Pour sa part, Radhakrishna Sadien évoque l’éventualité d’une révision de la taxation des compagnies privées…

Quel choix fera le Grand argentier ? Penchera-t-il pour un Budget «labous dou» au détriment de l’économie ? Qui paiera les pots cassés ? Réponse demain.

En chiffres

En 2014, la pension de vieillesse est de Rs 3 600. En décembre 2017 elle passe à Rs 5 450 pour les Mauriciens âgés entre 60 et 89 ans et Rs 15 450 au-delà de 90 ans. En décembre 2018, le montant atteint Rs 5 810 et depuis janvier 2019, les retraités, notamment, touchent Rs 6 210. Parallèlement, durant les cinq dernières années, le nombre de bénéficiaires a augmenté. En décembre 2014, 180 136 Mauriciens touchaient une pension. Durant la même période, 19 766 bénéficiaires recevaient la pension de veuf/veuve et 27 268, celle d’invalidité. En avril 2019, 221 561 Mauriciens avaient obtenu la pension. Notons qu’actuellement, les retraités âgés entre 90 et 99 ans touchent Rs 16 210 mensuellement et les centenaires Rs 21 210.


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Lexpress

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