Des migrants rescapés de l’enfer libyen

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Portrait anonyme d'un des migrants qu'avait rencontré le photographe Cesar Dezfuli le 1er août 2016, et qu'il a ensuite retrouvé, sur le continent européen, en 2018. Plusieurs d'entre eux ont été enlevé et torturé en Libye. Séquestré, il ont subi des coups et des brûlures, et ont parfois été réduits au travail forcé, avant de parvenir à s'évader.

CESAR DEZFULI POUR “LE MONDE”

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Torture, viol, travail forcé… Des hommes secourus par le « Iuventa », le 1er août 2016, racontent les sévices qu’ils ont subis en Libye dans l’attente de leur traversée de la Méditerranée.

« Je me suis vu mourir. » « Des gens sont devenus fous. » « C’est l’enfer sur terre. » « Ils ont tué mon frère »… Pour évoquer leur passage en Libye, les migrants qui ont été secourus par l’ONG allemande Jugend Rettet à bord du navire humanitaire Iuventa, le 1er août 2016, en Méditerranée, empruntent tous au lexique de l’horreur.

Pour ces hommes, pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest, la Libye est la première voie d’accès vers l’Europe. Le pays est en proie aux violences et à la plus grande confusion politique depuis la révolte débutée en février 2011, qui mena à la chute du dictateur Mouammar Kadhafi. Pour s’y rendre, ils ont emprunté deux routes principales. L’une passe par le nord du Mali, puis par l’Algérie. L’autre, qui traverse le Niger, est la plus fréquentée, au point qu’Agadez s’est transformée en véritable « hub migratoire ». Depuis cette cité du Sahel, les « coxeurs » – des rabatteurs chargés d’organiser le voyage – forment des convois de pick-up qui foncent dans le désert. Les migrants s’y entassent par dizaines, à l’intérieur des bennes, armés de quelques bidons d’eau, de biscuits et d’un peu de semoule. Ils s’élancent alors sur une route chaque fois plus coûteuse et dangereuse.

Dernière étape nigérienne avant la Libye, Madama est déjà un lieu d’extorsions. « A la frontière, les militaires nigériens m’ont frappé et exigé 5 000 francs CFA [7,60 euros] », raconte Insa, un Sénégalais. « Ils te fouillent, ils te prennent ton argent et ton téléphone, renchérit Babacar, un autre Sénégalais aujourd’hui installé en France. Il y a encore un autre check-point quand tu entres en Libye. Les soldats libyens se font graisser la patte pour laisser passer le convoi. Ils travaillent main dans la main avec les coxeurs. »

Portrait anonyme d'un des migrants que le photographe César Dezfuli avait rencontrés le 1er août 2016, puis retrouvés, en Europe, en 2018.
Portrait anonyme d’un des migrants que le photographe César Dezfuli avait rencontrés le 1er août 2016, puis retrouvés, en Europe, en 2018. CESAR DEZFULI POUR “LE MONDE”

« Dans un autre monde »

La traversée du désert dure plusieurs jours et, pour beaucoup, inaugure un cycle de violences. « Les conducteurs nous frappaient quand la voiture s’embourbait dans le sable, se souvient Alpha, un jeune Guinéen. Ça a duré quatre jours, mais ça m’a semblé quatre ans. J’ai senti que je basculais dans un autre monde. » « En Libye, j’ai commencé à voir de vrais bandits, abonde Amadou, Malien. Des hommes armés nous forçaient à changer de véhicule pendant la nuit et nous allongeaient dans le pick-up, sous une bâche. Si un sac est trop lourd, ils le jettent. »

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