Après le départ de Nazarbaïev, élection présidentielle de façade au Kazakhstan

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Le successeur désigné de Noursoultan Nazarbaïev est promis à une victoire dès le premier tour. Seule inconnue du scrutin : la participation.

Par Publié aujourd’hui à 10h44

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Le président kazakh par intérim, Kassym-Jomart Tokaïev, lors d’une rencontre avec son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, à Séoul, le 22 avril 2019.
Le président kazakh par intérim, Kassym-Jomart Tokaïev, lors d’une rencontre avec son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, à Séoul, le 22 avril 2019. Mukhtar Kholdorbekov / REUTERS

La principale inconnue du scrutin présidentiel de dimanche 9 juin au Kazakhstan réside dans le score qu’obtiendra Kassym-Jomart Tokaïev. Promis à une victoire dès le premier tour, le successeur désigné de Noursoultan Nazarbaïev n’approchera probablement pas, toutefois, les 97,5 % des voix qu’avait récoltées celui-ci en 2015.

Nommé président par intérim en mars, après la démission surprise de M. Nazarbaïev, M. Tokaïev ne peut en effet pas paraître concurrencer celui qui fut le maître incontesté du Kazakhstan pendant trois décennies et en l’honneur duquel la capitale du pays, Astana, vient d’être renommée Noursoultan.

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Le candidat lui-même, diplomate de carrière de 65 ans et ancien président du Sénat, choisi pour sa loyauté sans faille, prône la « continuité » avec les vingt-neuf années de présidence Nazarbaïev. Il a bénéficié des outils habituellement utilisés par l’Etat pour sécuriser au maximum les processus électoraux – pressions sur les fonctionnaires et les étudiants, couverture médiatique à sens unique… –, et des irrégularités lors du vote et du dépouillement ne sont pas à exclure, comme lors des éditions précédentes.

Pour pimenter ce scrutin joué d’avance, une femme, Daniya Yespayeva, a pour la première fois été incluse parmi les traditionnels sparring partners du candidat du pouvoir, et un ancien dirigeant de l’opposition, Amirzhan Kosanov, a été autorisé à se présenter. « Il y a bien des panneaux dans les rues, des pubs à la télévision, relate la journaliste indépendante Oksana Makouchina, mais personne n’a l’impression de vivre un réél changement, d’autant que Tokaïev est vu comme vieux et faible. »

Mainmise sur l’Etat

Election de façade, le scrutin l’est aussi en ce sens qu’il ne doit pas permettre une distribution du pouvoir au sommet de l’Etat kazakh. Avant d’annoncer son départ de la présidence, le 19 mars, Noursoultan Nazarbaïev, 78 ans, a soigneusement verrouillé les principales institutions pour maintenir sa mainmise sur l’Etat. Un décret adopté en juillet 2018 lui garantit à vie la direction du Conseil de sécurité du pays, instance stratégique qui a autorité sur tous les « organes de force » et désormais, de fait, sur la présidence. Son statut – tout à fait officiel – de « Père de la nation » lui garantit par ailleurs l’immunité judiciaire et, au minimum, un rôle influent.

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Dès lors, l’élection de Kassym-Jomart Tokaïev – « figure transitoire », selon le politologue Sergueï Douvanov – n’apparaît que comme une étape dans le processus complexe de succession. Celle-ci est sensible : M. Nazarbaïev a été le créateur et le garant de la souveraineté kazakhe, au prix d’une pratique autoritaire du pouvoir et d’une corruption endémique, mais aussi le point d’équilibre entre les différentes ethnies qui constituent le Kazakhstan, notamment entre la majorité kazakhe et les quelque 25 % de Russes. Il a aussi réussi à imposer son pays comme pivot régional, parlant aussi bien à la Russie, à la Chine et aux Occidentaux, en grande partie grâce à la richesse de son sous-sol (pétrole, gaz, uranium…).

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