Coutumes et costumes en Roumanie

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Dans son projet « Ethnographies », exposé au Centquatre-Paris jusqu’au 30 juin, la photographe roumaine Felicia Simion explore les usages ancestraux et les costumes populaires de son pays.

Une photo, ce n’est pas une histoire d’image mais l’histoire d’un parcours qui se termine par une image. Souvent, ce parcours est sinueux et plein de surprises. Pendant les vacances, âgée de 5 ans, la petite Felicia Simion prenait ses premières photos avec un appareil à deux sous qui traînait toujours dans les valises de ses parents. « J’avais la tâche de prendre mes parents en photo, se souvient-elle, mais tous les clichés penchaient un peu à gauche ou à droite, et sur la plupart d’entre eux la moitié du cadre était occupée par mon doigt égaré devant l’objectif. »

Une bonne étoile veille sur l’enfant née à Craiova, ville industrielle située dans le sud-ouest de la Roumanie, chef-lieu de la région d’Olténie, une sorte de Sicile de l’Europe de l’Est. Les « Oltens » n’ont pas la cote en Roumanie où ils sont surnommés « Schmeckers », de gros malins bavards et pas très fiables. Les clichés ont la vie dure, mais Felicia a su les casser. En 2016, elle obtient sa licence à l’Université nationale des arts à Bucarest, et deux ans plus tard un master en ethnologie et anthropologie.

Anthropologie visuelle

« J’ai beaucoup aimé l’anthropologie visuelle car je suis une passionnée de la campagne et de la Roumanie profonde, explique-t-elle. Mais j’ai décidé d’arrêter d’étudier la photographie d’une manière institutionnelle. Je me sens plus à l’aise si je me donne la liberté de faire des erreurs et de chercher ma propre voie. A la base d’une photo il y a toujours une émotion, et ce qui m’intéresse, c’est l’expérience vivante qui m’amène à la photo. De ce point de vue, la Roumanie est une bénédiction. »

Elle a à peine 25 ans, et ses photos figurent dans le New York Times et font la couverture de dizaines de livres de Paulo Coelho, Margaret Atwood, Mo Yan, Jason Matthews, Lisa Unger, David Baldacci, Sophie Avon et autres plumes de la littérature mondiale. La petite fille timide de Craiova venge un peu sa ville natale.

De jeunes hommes habillés pour la fête orthodoxe de saint Jean-Baptiste (le 7 janvier). Pendant ces festivités, ils aspergent les villageois avec de l’eau bénite et dansent en bénissant les femmes célibataires.
De jeunes hommes habillés pour la fête orthodoxe de saint Jean-Baptiste (le 7 janvier). Pendant ces festivités, ils aspergent les villageois avec de l’eau bénite et dansent en bénissant les femmes célibataires. Felicia Simion

Felicia Simion se revendique du mouvement « Fine Art », un concept très large dans lequel une photographie n’est pas censée montrer une réalité extérieure comme dans le photojournalisme, mais doit faire ressentir la vision intérieure de l’artiste. « J’aime bien nager dans des eaux très étendues où je me retrouve moi-même, explique-t-elle. J’ai du mal à faire la liste des photographes qui m’ont inspirée. Je vis à l’époque d’Instagram et l’offre est énorme. Je suis plus attirée par des thèmes visuels que par des photographes et des écoles. »

« Les paysans roumains portent encore des vêtements traditionnels lors de fêtes qui remontent à la nuit des temps »

Identité, enfance, tradition, maternité et transition sont les thèmes que Felicia Simion étudie avec constance. Elle explore le costume populaire roumain sous toutes ses formes. « Porter un costume traditionnel est une marque de l’atemporalité qui mêle l’esthétique et l’émotion. Les paysans roumains portent encore des vêtements traditionnels non seulement à l’occasion de fêtes contemporaines, mais aussi lors de fêtes qui remontent à la nuit des temps. Mes photos sont une façon de leur exprimer ma reconnaissance car ils m’offrent des moments de culture vivante. »

A Breb. Certaines maisons traditionnelles sont décorées avec des pots, signe que la Pâque orthodoxe se prépare.
A Breb. Certaines maisons traditionnelles sont décorées avec des pots, signe que la Pâque orthodoxe se prépare. Felicia Simion
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Comme beaucoup de jeunes gens de sa génération, elle ne veut pas quitter son pays, où elle compte s’enraciner après une longue série de voyages à l’étranger. « La Roumanie est si vivante du point de vue visuel que j’ai du mal à me projeter ailleurs, dit-elle. J’ai fait le tour de l’Europe en train parce que j’aime bien prendre des photos depuis une fenêtre. J’ai vu des paysages majestueux en Occident, mais là-bas il me manque quelque chose. Quand j’ai traversé la Transylvanie, j’étais littéralement scotchée à ma fenêtre. Je crois que le voyage est plutôt un prétexte pour rentrer chez soi. »

Lors des rites de la Théophanie (l’Epiphanie orthodoxe, le 6 janvier), les femmes du village de Breb, dans la région de Marmatie, portent des foulards traditionnels.
Lors des rites de la Théophanie (l’Epiphanie orthodoxe, le 6 janvier), les femmes du village de Breb, dans la région de Marmatie, portent des foulards traditionnels. Felicia Simion
Le 1er janvier, en Olténie. Un adolescent se livre à la danse païenne du « bouc », pratiquée entre Noël et le Jour de l’an dans diverses régions de Roumanie.
Le 1er janvier, en Olténie. Un adolescent se livre à la danse païenne du « bouc », pratiquée entre Noël et le Jour de l’an dans diverses régions de Roumanie. Felicia Simion
Durant la fête de la Théophanie (l’Epiphanie orthodoxe), à Breb, les hommes revêtent un manteau traditionnel appelé « guba ».
Durant la fête de la Théophanie (l’Epiphanie orthodoxe), à Breb, les hommes revêtent un manteau traditionnel appelé « guba ». Felicia Simion
A Breb, nettoyage des tapis de l’église du village en vue de la Pâque orthodoxe.
A Breb, nettoyage des tapis de l’église du village en vue de la Pâque orthodoxe. Felicia Simion
A Cincu, en Transylvanie, lors des fêtes de l’Urzeln.
A Cincu, en Transylvanie, lors des fêtes de l’Urzeln. Felicia Simion
A Cincu, en Transylvanie. La coutume de l’Urzeln (« Fuga Lolelor », en roumain) est destinée à effrayer l’hiver et les mauvais esprits, avec l’aide d’objets rituels, comme des masques de démon, des cloches ou des fouets en cuir.
A Cincu, en Transylvanie. La coutume de l’Urzeln (« Fuga Lolelor », en roumain) est destinée à effrayer l’hiver et les mauvais esprits, avec l’aide d’objets rituels, comme des masques de démon, des cloches ou des fouets en cuir. Felicia Simion
A Cincu, en Transylvanie, pendant les festivités de l’Urzeln.
A Cincu, en Transylvanie, pendant les festivités de l’Urzeln. Felicia Simion

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