Tiananmen, une place sous étroite surveillance

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Trente ans après l’écrasement du mouvement étudiant, le ministre chinois de la défense a jugé « correcte » la décision des autorités. Pour la dissidence, « 1989 a débouché sur 1984 », l’Etat orwellien actuel.

Par Publié aujourd’hui à 11h29, mis à jour à 11h37

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Place Tiananmen, à Pékin, mardi 4 juin.
Place Tiananmen, à Pékin, mardi 4 juin. THOMAS PETER / REUTERS

Des milliers de touristes, des centaines de policiers… La place Tiananmen présentait, mardi 4 juin en début de matinée, son visage habituel. Tout juste remarquait-on davantage de policiers en civil – deux tous les vingt mètres environ – dont la plupart n’étaient sans doute pas encore nés en 1989, lors des manifestations qui ont, durant plusieurs semaines, déstabilisé le régime.

Cette normalité s’explique aisément. Nombre de Chinois n’ont qu’une connaissance très fragmentaire de ce mouvement étudiant et de l’impitoyable répression qui y a mis un terme le 4 juin 1989. De plus, la place Tiananmen est l’une des plus grandes au monde, mais aussi l’une des plus surveillées. Y accéder nécessite, depuis 2008, de passer sous des portiques de sécurité équipés de rayons X et de montrer ses papiers d’identité, ce qui occasionne de longues files d’attente. Un deuxième contrôle en fait : à plusieurs centaines de mètres de là, des policiers en civil ont déjà vérifié les papiers de la plupart des passants. Surtout, des centaines de caméras enregistrent le moindre mouvement. Un phénomène qui s’étend au pays tout entier. Environ 176 millions de caméras étaient installées en Chine en 2016 ; 2,7 milliards devraient l’être en 2022.

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La nouveauté de 2019 ne réside pas dans cet arsenal sécuritaire, mais dans les prises de parole officielles sur le mouvement de Tiananmen. Le sujet reste un tabou absolu, mais le dimanche 2 juin, à Singapour, lors d’une conférence internationale sur la sécurité, c’est le ministre de la défense Wei Fenghe, lui-même, qui s’est exprimé sur le sujet, jugeant que la réaction des autorités de l’époque était « correcte ».

« Une vaccination pour la société chinoise »

Fin mai 1989, la loi martiale avait donné les pleins pouvoirs à l’armée et permis l’envoi de militaires équipés d’armes tirant à balles réelles. Cette décision, a-t-il déclaré, a permis au pays de bénéficier, par la suite, de trente années de stabilité et de prospérité. Les critiques du régime voient dans la répression – 2 600 morts selon la Croix-Rouge et des milliers d’arrestations – non une bavure de l’armée, mais au contraire une stratégie délibérée de Deng Xiaoping pour traumatiser le pays pendant des décennies et dissuader quiconque d’écarter le Parti communiste du pouvoir. Que le chef de l’armée populaire de libération (APL) – celle-là même qui a été utilisée contre le peuple – se prononce publiquement sur cet événement confirme que le régime, sous Xi Jinping, assume pleinement la politique de l’époque.

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