« La brutalité de l’offensive américaine contre Pékin risque d’être contre-productive »

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Si Washington a désormais compris que Pékin est devenu son rival systémique, sa volonté de contraindre la Chine à changer de modèle économique est vouée à l’échec, explique le consultant Jean-François Dufour dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 14h03 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. La perception de la Chine comme « rival systémique » est devenue depuis le début de l’année un élément du discours de la Commission européenne et un déterminant de la politique des Etats-Unis. L’escalade dans le conflit commercial orchestré par Washington montre une volonté de mettre la pression sur Pékin pour obtenir un changement de fond du système économique chinois.

« Tout a changé lorsque la Chine a affiché ses ambitions technologiques, notamment avec le plan Made in China 2025, publié en 2015 »

Ce changement d’attitude a surpris la Chine, parce que les Etats-Unis se sont longtemps accommodés de son système différent. Tant que la Chine se cantonnait au rôle d’« usine du monde », ses excédents commerciaux, amorcés en grande partie par les commandes d’entreprises américaines, étaient acceptables pour les Etats-Unis. Tout a changé lorsque la Chine a affiché ses ambitions technologiques, notamment avec le plan Made in China 2025, publié en 2015.

Washington s’est alors rendu compte que le système économique particulier de la Chine ne servait plus à soutenir un atelier auquel les sièges sociaux américains pouvaient sous-traiter leur production, mais à bâtir les sièges sociaux et les laboratoires de futurs géants économiques chinois susceptibles de les concurrencer.

La cristallisation d’une partie du conflit autour du géant des télécommunications Huawei illustre cette évolution. Si les craintes d’espionnage économique, déjà anciennes – un comité parlementaire avait qualifié l’entreprise de « menace pour la sécurité nationale » dès 2012 – restent la motivation officielle de son boycottage, l’enjeu majeur s’est déplacé. L’administration américaine s’inquiète du fait que ce groupe a pris la tête dans la course mondiale à la 5G et institue, pour la première fois, une relation de dépendance technologique d’entreprises américaines vis-à-vis d’un fournisseur chinois – et non plus l’inverse.

Le risque d’une transition économique

Face aux pressions américaines, Pékin estime avoir déjà fait beaucoup d’efforts. Le plus spectaculaire a été l’adoption, en mars, d’une nouvelle loi sur les investissements étrangers, interdisant les transferts contraints de technologies – l’une des principales préoccupations américaines. Mais Washington ne s’est pas laissé séduire, car l’une des spécificités du système chinois est que son système judiciaire n’est pas indépendant.

La Constitution de la République populaire dispose en effet qu’il dépend des Assemblées populaires – c’est-à-dire, concrètement, du Parti communiste chinois. Aucun tribunal chinois n’ira donc à l’encontre de la stratégie économique nationale. Une loi n’est donc en rien une garantie d’évolution systémique de l’« économie de marché socialiste ». Et Washington veut des instances de mesure et de garantie de changements effectifs dans le fonctionnement de l’économie chinoise.

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