« En trente ans, le regard des Etats-Unis sur la Chine a changé »

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Le conflit sino-américain n’est pas une affaire de balance commerciale mais d’équilibre stratégique mondial, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 02h31 Temps de Lecture 4 min.

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Xi Jinping et Donald Trump, à Pékin, en novembre 2017.
Xi Jinping et Donald Trump, à Pékin, en novembre 2017. DAMIR SAGOLJ / REUTERS

Ces trente ans ont fait la différence. En 1989, les Etats-Unis donnent à la Chine l’assurance de la priorité qu’ils accordent aux bonnes relations entre leurs deux pays. En 2019, Pékin et Washington s’affrontent sur tous les terrains : guerre commerciale et technologique, sur fond de compétition politico-stratégique. Que s’est-il passé ?

Début juillet 1989, le président George H. W. Bush dépêche – en secret – le général Brent Scowcroft à Pékin. Le chef du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche est porteur d’une lettre à la direction chinoise. Pékin est encore sonné, traumatisé, par le massacre de la place Tiananmen quelques semaines plus tôt, quand les chars ont écrasé les jeunes manifestants du mouvement pour la démocratie. Des centaines de morts, plus peut-être ?

Officiellement, les Etats-Unis ont réagi en annonçant l’arrêt de conversations politiques avec la Chine. Scowcroft vient rectifier. Il ne faut pas qu’il y ait de malentendu. Le message de Bush au patron de la Chine, Deng Xiaoping, tient en une phrase : tout cela est bien regrettable mais ne change rien à nos relations.

Depuis la fin des années 1970, ces relations sont denses, profitables aux uns et aux autres, elles ont tissé une vaste toile d’interdépendance économique et financière entre les deux pays. Elles ont largement favorisé le décollage de la Chine. Elles ont permis aux Etats-Unis d’être l’un des premiers pays à investir dans la nouvelle économie chinoise et, sur le plan stratégique, d’isoler l’URSS dans la guerre froide. Gagnant-gagnant.

Guerre technologique

Les relations sino-américaines ont résisté à Tiananmen. La question des droits de l’homme ne s’est jamais mise en travers – pas plus pour les Européens que pour les Américains. La Chine est trop importante.

Au bord du Potomac, on jugeait qu’il en allait des intérêts supérieurs de l’Amérique. Certains appelaient cela « le kissingérien », du nom de celui, Henry Kissinger, qui fut à l’origine du rapprochement Pékin-Washington. La vastitude du marché et l’émergence d’une riche classe moyenne en Chine avaient raison de tout. Impossible de se fâcher avec ce pays-là.

Juin 2019. La guerre commerciale américano-chinoise bat son plein, relayée par une guerre technologique, sur fond d’affrontement militaire potentiel dans le Pacifique occidental. Globale, cette confrontation va façonner le XXIe siècle. Un éventuel accord sur les questions commerciales n’épuisera en rien le conflit entre les deux plus grandes économies de la planète, qui feront bientôt jeu égal en puissance maritime. Le regard des Etats-Unis sur la Chine a changé.

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