Dick Cheney et le vice du pouvoir absolu

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Le cinéaste Adam McKay montre comment le vice-président de George W. Bush fut l’un des acteurs-clés de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis.

Par Alain Frachon Publié aujourd’hui à 08h04

Temps de Lecture 7 min.

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Christian Bale (Dick Cheney, à gauche) et Sam Rockwell (George W. Bush) dans le film d’Adam McKay, « Vice ».
Christian Bale (Dick Cheney, à gauche) et Sam Rockwell (George W. Bush) dans le film d’Adam McKay, « Vice ». MATT KENNEDY / ANNAPURNA PICTURES 2018 / MARS FILMS

Adam McKay promène sa carcasse de bon géant – 1,98 mètre – avec un sourire d’ado qui prépare un mauvais coup. « La prochaine fois, je pourrais bien m’attaquer au réchauffement climatique, dit-il. Mais ce sera sous forme comique, je ne veux pas que mes enfantsme prennent pour un sinistre. » Il y a peu de risque. Le réalisateur américain, 50 ans, vient de là – de la comédie. C’est sa manière de raconter des tragédies.

Lire la critique de « Vice » : Portrait au vitriol d’un idiot increvable

Il nous reçoit à Paris, où il est venu présenter son dernier film. Vice relate comment Dick Cheney, le vice-président de George ­W. Bush (2000-2008), fut l’un des acteurs-clés d’un désastre stratégique majeur : l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003. Le casier judiciaire de McKay s’épaissit. En 2015, avec The Big Short (Le Casse du siècle), il pourfendait la cupidité et la stupidité de Wall Street, responsables d’une autre catastrophe planétaire : la crise de 2008 et ses métastases, qui secouent encore l’Amérique et l’Europe. Donald Trump et ses adorateurs populistes européens, poursuit McKay, sont les enfants de l’opération en Irak et de la crise des subprimes.

Un bon vivant, paresseux, plus porté sur la bière que sur les études, qui, sous la houlette de sa femme, va se transformer en professionnel de la politique

Ce jeudi 7 février, à Paris, le ­cinéaste « refait les comptes ». L’invasion de l’Irak a semé la mort et le chaos dans ce pays. Elle a ­relancé le djihadisme comme ­jamais. Elle a donné naissance à l’organisation dite Etat islamique. Celle-ci a ravagé l’Irak puis la Syrie et multiplié les attentats en Europe. Plusieurs centaines de milliers d’Irakiens et plus de 4 500 soldats américains ont été tués dans ces années de plomb – de 2003 à aujourd’hui. Les images d’Abou Ghraïb, tout comme celles de Guantanamo, ont miné la réputation de la plus puissante des démocraties de la planète. Le ­bilan est celui d’un drame de proportion biblique.

Mais pourquoi Richard Cheney dans le rôle du prince des ténèbres ? Qu’avait-il de particulier, ce politicien venu du Wyoming, « un pays de bons gars », « solides » ? interroge McKay. Comment ­Cheney est-il devenu l’un des chefs d’orchestre de la débâcle irakienne ? Vice dresse le portrait magistral d’un bon vivant, paresseux, plus porté sur la bière que sur les études, qui, sous la houlette de sa femme, va se transformer en professionnel de la politique. Il commence au bas de l’échelle, à Washington : assistant parlementaire, au service de Donald Rumsfeld, un des élus républicains les plus en vue dans les années 1960. Au fil des ans, il devient l’un des chefs opérateurs de cette machinerie compliquée qu’est le pouvoir washingtonien – tour à tour secrétaire général de la Maison Blanche, élu républicain de choc à la Chambre, ministre de la défense, patron de la firme de logistique pétrolière Halliburton, le temps d’une présidence démocrate, puis vice-président de George Bush junior.

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