Des livres contre l’effacement du souvenir de Tiananmen

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L’Etat chinois a imposé l’oubli du massacre du 4 juin 1989. Pour rappeler les morts et la répression, des livres paraissent, riches de témoignages, souvenirs ou hommages, tels celui d’Eric Meyer ou les textes recueillis par Vincent Hein.

Par Publié aujourd’hui à 08h00

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Sur la place Tienanmen, en mai 1989.
Sur la place Tienanmen, en mai 1989. Vincent Hein

« Tiananmen 1989-2019. Hommages et récits », collectif, textes réunis par Vincent Hein, Phébus, 184 p., 19 €. Pékin.

« Pékin, Place Tian An Men », d’Eric Meyer, Babel, 336 p., 8,90 €.

A la fin d’Histoire d’hommes à Pékin, du cinéaste hongkongais Stanley Kwan (2001), Lan Yu, le personnage principal, meurt sur l’un des multiples chantiers qui, alors que le XXe siècle s’achève, entraînent la ville dans une renaissance à marche forcée, et dans l’oubli. Yu, lui, se souvenait. Il était sur la place Tiananmen en 1989, et a été témoin, le 4 juin, du massacre de ses camarades ; il a été brisé par la reprise en main, le resserrement de la « dictature du prolétariat », deuil sans fin de la ­liberté qui donne au film sa couleur mélancolique, désespérée bientôt. Dernière séquence : l’ancien amant de Yu, Handong, passe sans savoir près du chantier où celui-ci est mort, tandis que résonne sur son autoradio une chanson : « How could you allow me to be sad ? » – « Comment pourriez-vous me permettre d’être triste ? »

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« La croissance contre la liberté, toutes les libertés »

« La tristesse, en effet, n’est plus de mise. (…) C’est le contrat que Deng Xiaoping a offert au peuple chinois : la croissance contre la liberté, toutes les libertés, du corps comme de l’esprit », commente ­Brigitte Duzan, dans sa belle contribution à Tiananmen 1989-2019, le recueil d’hommages, de souvenirs, de nouvelles, de poèmes et d’analyses réunis par l’écrivain Vincent Hein – qui publie également, pour la première fois, les photographies qu’il a prises pendant les événements –, à l’occasion du 30anniversaire de l’« incident du 4 juin », selon les termes du ­régime.

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« Ce qui reste de Tiananmen, finalement, ce sont les blancs de la narration et de l’image », écrit aussi la sinologue et traductrice. Dans ce livre inégal, parfois anecdotique, les textes les plus forts, écrits par des Français ou des Chinois, comme le romancier Xue Yiwei – dont sont publiées deux nouvelles inédites des années 1990, fulgurantes évocations de l’entrée dans l’ère glaciaire qui s’est alors ouverte, et dure toujours –, portent sur ces « blancs » et la tristesse qui les hante, sur l’effacement de la mémoire de Tiananmen et ses résurgences artistiques, littéraires, politiques, intimes.

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