« Le recul de la gauche “radicale” ne s’explique-t-il pas par le tournant “populiste” de ces dernières années ? »

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France insoumise, Podemos, Labour… Le populisme, qui a permis aux partis de gauche d’effectuer des percées électorales, les dessert quand il s’agit de maintenir leur étiage, analyse le sociologue Manuel Cervera-Marzal dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 4 min.

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Jean-Luc Mélenchon à la soirée électorale de La France insoumise au Belushi’s (Paris 19e), le 26 mai 2019.
Jean-Luc Mélenchon à la soirée électorale de La France insoumise au Belushi’s (Paris 19e), le 26 mai 2019. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Tribune.

En 2015, Syriza, une coalition de partis anticapitalistes, s’emparait du gouvernement grec. Au même moment, Jérémy Corbyn prenait la direction du Parti travailliste et Podemos réalisait le meilleur résultat électoral de sa jeune existence. Portée par cette vague anti-austérité, la France insoumise s’imposa comme première force de gauche aux présidentielles de 2017. Mais cette séquence ascendante semble se refermer. La gauche radicale n’a plus que 41 députés au Parlement européen, soit 20 % de moins que durant la précédente mandature (52 eurodéputés). La France insoumise réalise son plus mauvais score depuis sa création. Podemos est marginalisé en Espagne. En Grèce, la défaite de Syriza a poussé Alexis Tsipras à convoquer des élections générales anticipées. Enfin, le Labour de Corbyn, prisonnier de son ambiguïté sur la question du Brexit, ne réunit que 14,1% des voix alors qu’il en avait obtenu 40% aux élections générales de 2017.

Analyser ce recul « à chaud », en prenant en compte le contexte national forcément diversifié des vingt-huit pays membres, n’est pas une tâche aisée. Peut-être faut-il d’abord souligner l’existence de facteurs exogènes, indépendants de la volonté des acteurs. La focalisation sur les enjeux migratoires, la demande de sécurité dans un contexte post-attentats et la montée des nationalismes desservent la gauche radicale, ainsi d’ailleurs que la gauche sociale-démocrate, qui passe de 186 à 150 eurodéputés et n’a jamais été aussi faible. Mais le recul de la gauche « radicale » ne s’explique-t-il pas également par ses choix stratégiques, en l’occurrence par le tournant « populiste » de ces dernières années ?

De la fulgurance au handicap

Il convient de définir ce terme si flou et si galvaudé. Durant les années 2000, les états-majors de la gauche européenne regardèrent avec intérêt les succès électoraux de leurs homologues latino-américains. Ils en tirèrent une série d’enseignements à même de redonner des couleurs à une gauche européenne coincée dans la double impasse d’une extrême gauche aussi impuissante qu’incantatoire et d’une social-démocratie convertie à la doxa néolibérale. Cette troisième voie, dite « populiste », théorisée par les philosophes Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, se caractérise par quatre éléments : substituer le clivage « peuple/oligarchie » au clivage « gauche/droite », se doter d’un leader charismatique apte à incarner les aspirations populaires, prendre appui sur les mobilisations sociales en leur offrant une articulation politique et réinvestir des signifiants traditionnellement accaparés par la droite (l’ordre, la nation, l’identité).

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