« Une bombe à fragmentation politique a été lâchée sur l’Europe »

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La neuvième élection du Parlement européen a démoli l’ordre ancien : au niveau des Etats-membres et de l’Union, la mutation est lancée, estime dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 02h49 Temps de Lecture 4 min.

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En Roumanie, le chef du parti au pouvoir, condamné pour corruption, a été expédié en prison. En Autriche, le premier ministre a été renversé par un vote de défiance. En Allemagne, les Verts ont chassé le parti social-démocrate de la deuxième place du podium. En France, le parti de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n’attire plus que 8 % des électeurs. Au Royaume-Uni, royaume du bipartisme dont seule la reine semble encore tenir debout, les deux partis de gouvernement ne totalisent même plus un quart des suffrages. En Italie, un parti d’extrême droite est passé devant tous les autres. En Grèce, le premier ministre a dû convoquer des élections anticipées.

Tout cela – et bien plus encore – s’est passé entre le 23 et le 27 mai 2019. Une bombe à fragmentation politique a été lâchée sur l’Europe : cette neuvième élection du Parlement européen, c’est le scrutin qui démolit tout sur son passage. Et les répliques n’ont pas fini de se faire sentir.

Choc multiple

Partout, les états-majors politiques tremblent sous l’effet de ce choc multiple. Certains s’effondrent, d’autres émergent, quelques uns parviennent à rebondir. Rarement les Européens auront été autant à l’unisson : les électeurs de l’Union ont beau avoir voté sur des critères nationaux, ils ont glissé le même message dans les urnes, un message de défiance à l’égard des grands partis traditionnels et un irrésistible désir de renouveau. Plus nombreux que prévu à participer à ce vote dont on disait qu’il n’intéressait personne, les citoyens européens ont convergé pour composer à Bruxelles un Parlement à l’image du paysage politique bouleversé dans la plupart de leurs pays : éclaté, pluriel, en pleine mutation politique.

Ce Parlement ne sera plus régi par le duopole droite-gauche, représentés par les deux grands blocs du Parti populaire (PPE) et des sociaux-démocrates (S&D), qui ont perdu la majorité. Un bloc centriste-libéral, dont les députés français fourniront le plus gros apport, vient troubler cet ordonnancement très « vieux monde », tout comme le groupe des Verts, gonflé par la puissante dynamique écologiste qui en fait désormais une force déterminante : c’est de ces deux groupes que soufflera le vent nouveau. A eux d’articuler le changement de système auquel aspirent les électeurs.

A droite, la nébuleuse des partis souverainistes, nationalistes ou d’extrême droite est forte en nombre, même si sa progression a été contenue, mais faible en cohérence, tant les sujets de divergences sont nombreux.

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