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Dans son discours au Congrès des amis de la paix universelle, à Paris, l’écrivain et député définit une « politique vraie » qui rallierait « l’unité historique des peuples à la civilisation par la paix ». Un texte à relire à la veille des élections européennes.
Un dicours visionnaire de Victor Hugo
A l’heure des élections européennes, il est saisissant de lire le discours aussi solennel que visionnaire que Victor Hugo prononce lors du Congrès des amis de la paix universelle, qui s’ouvre le 21 août 1849 à Paris. Dans ce texte publié deux jours plus tard par le journal Le Siècle, l’écrivain prophétise l’« effacement des frontières sur la carte et des préjugés dans les cœurs », et expose la nécessité de créer des « Etats-Unis d’Europe », garants de « la fraternité des hommes ».
Député à l’Assemblée constituante depuis juin 1848, Victor Hugo a été choisi par le Comité du congrès pour diriger les discussions. Soutenant initialement Louis-Napoléon Bonaparte, l’écrivain est en train de s’éloigner des conservateurs pour rejoindre le camp républicain, notamment en raison de la répression contre le peuple. Luttant désormais – et jusqu’à la fin de sa vie – pour l’« extinction de la misère au dedans, l’extinction de la guerre au dehors », il devient bientôt l’opposant acharné et inébranlable de Napoléon le Petit (titre du livre qu’il publie en 1852), empereur des Français en 1852, après son coup d’Etat.
Des Trois Glorieuses de 1830, en France, au « printemps des peuples » de 1848, dans de nombreuses capitales, les révolutions qui secouent l’Europe du XIXe siècle témoignent de la montée des nationalismes au sein d’un continent morcelé par les guerres napoléoniennes et le congrès de Vienne. Cette vague de rébellion qui est souvent réprimée dans le sang est l’occasion d’envisager un monde moins belliqueux – ce que traduisent l’apparition de nombreuses sociétés de paix.
Messieurs,
Beaucoup d’entre vous viennent des points du globe les plus éloignés, le cœur plein d’une pensée religieuse sainte. Vous comptez dans vos rangs des publicistes, des philosophes, des ministres des cultes chrétiens, des écrivains éminents, plusieurs de ces hommes considérables, de ces hommes publics et populaires qui sont les lumières de leur nation. Vous avez voulu dater de Paris les déclarations de cette réunion d’esprits convaincus et graves, qui ne veulent pas seulement le bien du peuple, mais qui veulent le bien de tous les peuples. Vous venez ajouter aux principes qui dirigent aujourd’hui les hommes d’Etat, les gouvernants, les législateurs, un principe supérieur. Vous venez tourner en quelque sorte le dernier et le plus auguste feuillet de l’Evangile, celui qui impose la paix aux enfants du même Dieu, et, dans cette ville qui n’a encore décrété que la fraternité des citoyens, vous venez proclamer la fraternité des hommes. (Applaudissements).
Soyez les bienvenus ! (…)
« Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers »
Messieurs, cette pensée religieuse, la paix universelle, toutes les nations liées entre elles d’un lien commun, l’Evangile pour loi suprême, la médiation substituée à la guerre, cette pensée religieuse est-elle une pensée pratique ? Cette idée sainte est-elle une idée réalisable ? Beaucoup d’esprits positifs, comme on dit aujourd’hui, beaucoup d’hommes politiques vieillis dans le maniement des affaires, répondent Non. Moi, je réponds avec vous, je réponds sans hésiter, je réponds Oui ! (C’est vrai !) et je vais essayer de le prouver tout à l’heure.
Je vais plus loin ; je ne dis pas seulement : c’est un but réalisable, je dis : c’est un but inévitable ; on peut en retarder ou en hâter l’avènement. Voilà tout. (…)
Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de batailles que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. (Profonde sensation.) Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers. (…)
Et, ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées les plus impétueux qui ait encore entraîné l’humanité, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.
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